Foxcatcher ✔✔
DRAME / De Bennett Miller (USA). Avec Steve Carell et Channing Tatum.
LE PITCH / Le milliardaire John du Pont est très riche, et il s'ennuie. Plutôt que de s'intéresser à la chasse à courre comme le voudrait sa mère, il se trouve une passion subite pour les hommes musclés en combinaison moulante. Mister du Pont devient alors le protecteur financier de l'équipe nationale américaine de lutte gréco-romaine. Une aubaine au départ pour ces sportifs en mal de reconnaissance. Malheureusement, ils vont payer très cher ce mécénat...
Petit conseil de la rédaction. N'allez pas voir ce film si vous avez fait une nuit blanche la veille. C'était mon cas (oui je sais ma vie est trépidante) et, en regardant ces lutteurs, moi aussi j'ai lutté : contre le sommeil. Il paraît même que j'ai ronflé. Enfin, il paraît. Perso, je n'ai rien entendu. Tout ça pour dire que Foxcatcher souffre d'une certaine lenteur dans la mise en scène, ce qui peut ennuyer le spectateur, fatigué ou pas. Parfois, on a envie d'appuyer sur "avance rapide x15". Juste un peu, pas trop. Le réalisateur prend le contre-pied de la lutte qui, à l'inverse, est un sport tonique et rapide.
En dépit de ce manque de dynamisme et des petits ronflements, l'histoire reste intéressante. Tirée de faits réels. Le personnage de John du Pont est si inquiétant qu'il en est fascinant. Il s'intéresse aux lutteurs pour des raisons différentes. Un amour inassouvi pour les torses masculins et l'envie de désobéïr à l'ordre établi par Maman. Du moins, c'est ce qu'on devine car l'homme reste insondable, même pour le réalisateur. Steve Carell est plutôt convaincant dans ce rôle ; en même temps, on paraît forcément talentueux à côté du très lisse Channing Tatum.
Crédit photos : © Mars Distribution
On peut aussi voir ce film comme une dénonciation du capitalisme tout puissant qui écrase les classes laborieuses. C'est la lutte (greco-romaine) finale. Ou la lutte (libre) des classes. John du Pont agit avec ses dollars, les sportifs avec leurs mains. L'Amérique d'en haut contre l'Amérique d'en bas. Et au final, ce sont les financiers qui ont le droit de vie ou de mort sur les travailleurs. Au sens propre comme au sens figuré ici. Arlette Laguillier ne renierait pas une telle morale.
Petit clin d'œil enfin à tous les Auvergnats (dont je suis même si je vis éloigné des volcans désormais). Il est fait référence, à un moment dans le film, aux Championnats du monde de lutte organisés... A Clermont-Ferrand ! Bougnat power in Hollywood. Cela valait le coup d'être souligné.
Pour prolonger le sujet : "L'histoire vraie du film Foxcatcher" par GQ
Commenter cet article