Voyez comme ils dansent
Imaginez une partie des "Aventuriers du rail" où l'on ne passerait ni par Duluth, ni par Winnipeg, mais plutôt par Montréal et Gatchell. Joueur n°1 : James Thierrée, artiste tragi-comique adepte du nouveau cirque, marche sur un fil psychologique. Joueuse n°2 : Marina Hands, première épouse du n°1, traverse le Canada en train pour trouver des réponses à ses questions existencielles. Joueuse n°3 : Maya Sansa, seconde femme du n°1 et infirmière, se retrouve contrainte de soigner et d'héberger sa rivale. Dans ce film, l'homme n'est qu'un flashback qui parle peu, sa disparition n'est même pas expliquée. Claude Miller préfère s'intéresser aux deux femmes du triangle amoureux en imaginant leur rencontre. Ce qui donne lieu, non pas à des crêpages de chignon comme dans un mauvais vaudeville, mais à des échanges intenses et émouvants. On s'oppose, on se compare, on se questionne... en vain. L'une a connu un artiste célèbre, l'autre a aimé un artisan inconnu. Comment se comprendre alors ? Marina Hands la provocatrice et Maya Sansa la discrète incarnent à la perfection ces deux femmes blessées. Leur difficulté à communiquer est renforcée par le climat hivernal du film. Les coeurs ont froid, les sentiments sont gelés, mais il faut bien avancer pour comprendre et comprendre pour avancer (on est à deux doigts de l'agrèg' de philo, là). D'où l'idée de ce train canadien qui continue sa route, malgré les intémpéries et les impondérables. Claude Miller ne déraille pas, avec ce film rythmé, où présent et passé s'entremêlent habilement. Côté musique, on regrette la surexploitation de la Lettre à Elise, en revanche on apprécie le choix de Dido comme thème de fin. C'est quand qu'on part au Canada ??!
EN BREF : un film qui nous fait adorer les retards de train !
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