Un heureux événement
Rémy Bezançon a accouché de son troisième film. La politesse voudrait que l'on dise du bien de cette progéniture cinématographique, histoire de ne pas vexer le papa réalisateur. Il suffirait d'utiliser quelques formules du genre "Oh, mais qu'il est rigolo" ou alors "vraiment, il est très éveillé". Le problème, c'est que ce bébé présente de sérieux défauts, et il va bien falloir en parler, n'en déplaise au géniteur. D'abord, son film rappelle un air de déjà vu (et une odeur de couche déjà utilisée!). Le papa qui n'arrive pas à pénétrer maman de peur de faire mal au bébé, la maman qui insulte le papa lors de l'accouchement ou le bébé qui vomit sur le costume neuf du papa le matin... on a l'impression d'avoir vu cela des centaines de fois. D'autre part, le manque de pudeur, donc de finesse, en devient presque gênant. On se croirait dans un documentaire animalier du dimanche après-midi. Imaginez une voix off bien grave : "à présent, la femelle monte sur le mâle pour lui indiquer qu'elle le désire très fortement... dès que le petit a quitté l'utérus, le mâle a pour rôle de découper ce long fil gluant que l'on appelle le cordon ombilical". Un vrai cours de sciences naturelles... euh de SVT ! (pardon, je suis né dans les années 80). Dernier élément dérangeant : la vision pessimiste de la maternité et de la paternité. L'ambiance se veut joviale et décalée puis, d'un coup, le film sombre dans le drame. Comme si un enfant était la pire chose qui puisse arriver à un couple. Faut se calmer, Rémy ! Ce n'est sans doute pas évident à gérer comme situation, mais tous les couples n'en sont pas à s'insulter et à faire chambre à part juste après l'accouchement. Cet "heureux événement" n'est malheureusement pas très heureux. On rit et on s'identifie, mais on n'est pas conquis. Rémy Bezançon n'est pas parvenu à retrouver le ton doux amer qui avait fait l'intérêt de ses deux premiers films.
EN BREF : un carnet rose un peu trop noir
Commenter cet article