Quelques heures de printemps
Militant et émouvant. Ces deux adjectifs résument le nouveau film de Stéphane Brizé. Le côté militant d'abord, se retrouve dans le propos. Le réalisateur ne se contente de poser le débat sur l'euthanasie, il va jusqu'à prendre clairement parti pour le suicide assisté. Lorsque l'héroïne, atteinte de tumeurs cérébrales incurables, décide d'en finir avec la vie, elle part en Suisse où, tout à coup, les oiseaux chantent dans des paysages verdoyants et ensoleillés. Le contraste est frappant avec l'atmosphère pesante et sombre de sa vie quotidienne. La mort apparaît comme salvatrice, en tant qu'alternative à la douleur. Les scènes médicales très explicatives tournent même à la marche à suivre pour réussir son suicide assisté. Que l'on soit d'accord ou non avec cette idée, peu importe ; il faut surtout souligner le courage de Stéphane Brizé, qui ose donner son avis sur un sujet de société controversé.
Quant au côté émouvant du film, bien au-delà de la thématique de la mort, il réside dans le caractère même des personnages. Une vieille dame intransigeante qui passe sa serpillère et épluche ses patates. Son rustre de fils tout juste sorti de prison, incapable de se stabiliser. Et l'incommunicabilité qui réunit les deux. Stéphane Brizé nous dresse le portrait de cette classe moyenne laborieuse, où l'on a du mal à se dire "je t'aime", laissant le non-dit s'installer devant un poste de télé diffusant le JT de TF1. La relation difficile entre ces deux êtres est bouleversante, avec comme point d'orgue la scène de fin (pas très joyeuse on l'aura compris). Vincent Lindon est parfait, comme toujours. Mais c'est Hélène Vincent qui éblouit dans ce film, formidable d'aprêté et d'humanité. Préparez vos mouchoirs...
EN BREF : le printemps est maussade mais chargé en émotions
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