Possessions
Imaginez un épisode de Faites entrer l'accusé, sans la dame aux cheveux gris qui éteint les vidéoprojecteurs, et voilà le décor de Possessions planté (de bâton... ben oui, on est dans les Alpes!). "L'affaire Flactif" ou "La tuerie du Grand Bornand", ces titres de presse résonnent dans nos têtes comme des symboles de l'horreur. Un homme qui trucide une famille puis se précipite devant les caméras de télévision pour obtenir son quart d'heure de gloire, même les meilleurs scénaristes de polar n'auraient osé l'imaginer. Le réalisateur Eric Guirado transforme ce fait divers macabre en une version moderne de Tartuffe, où l'envie d'avoir envie (merci Johnny pour la formule) pousse au crime. Dans notre société en crise, les pauvres de plus en plus pauvres finissent par haïr les riches qui s'enrichissent. Attention, pour autant, le film n'est pas un appel à fusiller les entrepreneurs un peu trop opulents ou les gens portants des pulls en laine hideux ; ce long-métrage tente simplement de comprendre pourquoi un être humain peut un jour basculer dans l'inhumain. Jérémie Rénier interprète avec brio (et avec bedaine) ce gentil beauf devenu un barbe-bleue de l'immobilier (vous noterez le travail sur les allitérations en "b"!). Le tout dans une ambiance pesante et dérangeante, parfaitement maîtrisée. Le seul problème de ce film, c'est que l'on connaît le dénouement. Impossible d'être surpris à la fin comme dans un vrai polar!
EN BREF : fait d'hiver macabre à la neige
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