Les neiges du Kilimandjaro
Voilà un titre énigmatique pour une histoire qui se déroule à Marseille... pourquoi pas "Le chant des cigales" à Stokholm tant qu'on y est ?! En même temps, il semble presque logique que Robert Guédiguian parle du Kilimandjaro, tant il semble au sommet de son art. Des ouvriers, du soleil et du pastis... le réalisateur retrouve le milieu populaire marseillais qu'il affectionne. Et cette fois-ci, il a décidé de nous raconter un fait divers. Une histoire de vol qui ferait l'objet d'une simple brève dans le journal, mais qui fait basculer la vie des gens ordinaires concernés. La délinquance en elle-même n'est pas ce qui intéresse Guédiguian. Lui cherche à comprendre, tout comme ses personnages. Il est émouvant de voir Michel (Jean-Pierre Daroussin) et Marie-Claire (Ariane Ascaride) en quête d'une explication : comment la classe moyenne peut-elle être perçue comme une nouvelle bourgeoisie ? Le fait divers, finalement, n'est qu'un prétexte pour parler de notre société actuelle. Le contexte économique et social pour le moins difficile conduit des pauvres à agresser des moins pauvres. Chronique d'un monde où les petits s'entretuent dans l'indifférence complète des puissants. Pour autant, le réalisateur ne sombre pas dans l'angélisme. Il explique, mais il n'excuse pas. Il ne sombre pas non plus dans le drame, avec une note finale d'espoir qui fait du bien à l'âme. Difficile de dire si les vraies neiges du Kilimandjaro resteront éternelles, le film de Guédiguian, lui, restera éternellement comme l'un des meilleurs de l'année 2011.
EN BREF : une fable ordinaire exceptionnelle
Commenter cet article