La vie d'Adèle ✔✔✔✔
Drame de Abdellatif Kechiche (France)
Alors, ce film méritait-il la Palme d'or ? Petite question qui vous trotte forcément dans la tête, avant d'entrer dans la salle de cinéma. Premier critère indispensable : un long-métrage palmé se doit d'être une œuvre forte. Et c'est le cas de La vie d'Adèle. L'histoire d'amour entre Adèle et Emma est puissante. Un coup de foudre, une rencontre charnelle, une passion dévastatrice. L'homosexualité apparaît finalement comme un détail. Il s'agit avant tout d'une relation entre deux êtres qui s'aiment profondément, intensément, ardemment. Deuxième critère : un grand réalisateur. Welles, Fellini, Buñuel, Coppola, Scorcese, Soderbergh, Lynch, Tarantino... Ils ont tous eu la Palme. Et Kechiche n'a pas à rougir de compléter cette liste prestigieuse. Certes, il fait polémique, passant pour un metteur en scène odieux avec ses actrices et peu regardant sur les conditions de travail des techniciens. Si c'est vrai, on ne peut cautionner. Mais je ne suis là que pour juger sa réalisation : géniale, au plus près des êtres, alternant gros plans et beauté graphique. 3 heures de Kechiche passent bien plus vite que 5 minutes de Haneke...
Troisième critère : des acteurs talentueux. Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux crèvent l'écran. La première est une découverte, la seconde une confirmation. Peu de comédiennes auraient osé prendre de tels risques. On devrait les retrouver sur scène aux prochains Cesars. Quatrième et dernier critière : une Palme d'or est sensée faire date dans l'histoire du cinéma. Je crois que ce sera le cas pour La vie d'Adèle. Traiter l'amour lesbien comme on traiterait n'importe quel amour est une véritable nouveauté, pour ne pas dire une avancée culturelle. Homosexualité rime avec normalité. Kechiche raconte la vie. Cela peut paraître simple, c'est au contraire très audacieux. Alors, ce film méritait-il la Palme d'or ? Oui. Définitivement, oui.
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