La comtesse
La comtesse Bathory n'est pas une femme Barbara Gould. Dans la Hongrie du 16ème siècle, impossible de trouver botox et collagène. Sa crème anti-ride à elle, c'est le sang des jeunes filles vierges. Parce qu'elle le vaut bien. Il faut dire qu'elle n'a pas grand chose à faire de ses journées, enfermée dans son château, à l'abri des guerres de religion. Et puis, Madame la comtesse s'est faite éconduire par son jeune amant, un destrier de 21 ans, ce qui accentue sa crise de la quarantaine. Une femme qui tue des jeunes filles pour récupérer leur hémoglobine, n'importe quel psy vous dirait qu'elle est folle. Julie Delpy, elle, ne s'arrête pas à ce diagnostic. La réalisatrice pose son regard de femme moderne sur cette comtesse du temps jadis. Madame Bathory nous est présentée comme une ultra-féministe avant l'heure. Elle se moque des religieux avec leurs robes et leurs bijoux. Elle rejette l'autorité des hommes et choisit ses amants. Mais surtout, elle s'insurge contre les mariages arrangés, responsables (indirectement) de sa folie meurtrière. La vision de Julie Delpy est audacieuse, voire osée. On en arrive presque à avoir de la pitié pour cette bourgeoise, victime de la société patriarcale de l'époque (patriarcale, mot compte triple... ça, c'est pour la caution intellectuelle de ma chronique). La question est même posée clairement dans le film : assassiner et torturer des jeunes vierges, est-ce pire que tuer des milliers d'hommes pour des histoires de religion ? Vous avez 1h34 (la durée du film) tenter d'y répondre.
EN BREF : un portrait historique et moderne
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