L'ordre et la morale
A première vue, on ne peut pas dire que Mathieu Kassovitz ait choisi un sujet fédérateur. Le massacre de 19 Kanaks lors d'une prise d'otages en Nouvelle-Calédonie, entre les deux tours de l'élection présidentielle de 1988... euh... comment dire... on est loin des comédies romantiques sur les trentenaires ! Et pourtant, ce film politique réunit tous les codes du cinéma grand public. L'intrigue est facile à comprendre, les gentils comme les méchants sont rapidement identifiables, ne manque qu'une histoire d'amour contrarié ! Quant à la mise en scène, Mathieu Kassovitz applique la morale et l'ordre hollywoodiens. Le film commence par la scène de fin, avant de revenir en arrière pour comprendre comment on en est arrivé là (original, non ?). Les jolies vues sur la mer turquoise alternent avec les scènes d'action. Et dès qu'un événement dramatique se prépare, on balance une musique inquiétante pour prévenir le spectateur. Bref, un film propre et efficace. Ce qui ne l'empêche pas d'être utile. Mathieu Kassovitz a le courage de mettre en lumière une part sombre de l'histoire française récente. Jusque-là, mes connaissances sur la Nouvelle-Calédonie étaient quelque peu limitées... Pour moi, ce n'était qu'un archipel recouvert de cocotiers, situé à gauche de l'Australie, et sur lequel était né Christian Karembeu !?! Grâce à ce film, on mesure combien la France métropolitaine est loin de ses territoires d'outre-mer. Avec, au passage, un coup de griffe porté aux hommes politiques qui déclenchent des guerres civiles, chaudement installés dans leurs bureaux parisiens. On regrettera juste l'apologie excessive de la gendarmerie. D'accord, elle a accepté de prêter ses jolis hélicos pour le film, mais ce n'est pas une raison pour en conclure que les gendarmes sont tous des gentils négociateurs à l'inverse des militaires qui, eux, seraient des bourrins sanguinaires...
EN BREF : si voulez des nouvelles de la Calédonie...
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