Jeune et jolie ✔✔✔
Drame de François Ozon (France)
J'ai souvent eu l'occasion, sur ce blog, de dire du bien de François Ozon. Pour moi, il est l'un des meilleurs réalisateurs français en activité. Et ce film en est un nouvel exemple. Après le drôlement kitsch Potiche, le déliceusement pervers Dans la maison, voici le très osé Jeune et Jolie. Ozon ose tout, oui, et c'est même à ça qu'on le reconnait. Au fil de 4 saisons, il nous raconte l'histoire d'une fille aux 17 printemps qui fait le choix de se prostituer. Pendant que ses camarades de lycée se précipitent chez eux après les cours pour mater Les Anges de la télé-réalité, la belle Isabelle (Marine Vacth) rejoint des hommes mûrs dans des chambres d'hôtel pour s'adonner au plaisir tarifé. Une vision dérangeante de la prostitution, montrée ici comme un choix assumé et délibéré. La jeune fille est saine d'esprit, entourée par des parents aimants... et pourtant elle fait la pute. Sans cautionner, sans juger, avec subtilité et respect, François Ozon brise un tabou. Je ne saurais vous dire si ce film décrit une réalité, mais il a le mérite de poser un regard différent sur un sujet largement galvaudé (petit clin d'œil à Bernard de la Villardière!). La réalisation est soignée et les cadres travaillés. Rien ne semble glauque, la prostituion devient belle, d'où le sentiment d'inconfort et de gêne chez le téléspectateur. On voudrait se révolter mais on ne fait que plaindre cette jeune fille. L'actrice principale, à la beauté idéale pour le rôle, est une véritable révélation ; dommage pour elle que le film sorte la même année que La Vie d'Adèle, elle n'aura donc pas le Cesar du meilleur espoir féminin... Géraldine Pailhas, elle, interprète avec la plus grande justesse la maman d'Isabelle, tiraillée entre désespoir, incompréhension et compassion. Décidément, Ozon sait filmer les femmes pour les mettre en valeur. Il faut juste qu'il évite de dire des bêtises en interview à Cannes...
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