Henri ✔✔

Comédie dramatique de Yolande Moreau (France, Belgique)

Henri ne parle pas beaucoup. Gérant d'un bar de quartier dans le Nord, sa vie est rythmée par le bruit des verres posés sur le comptoir. Et par les battements d'ailes de ses pigeons voyageurs. Après le décès de sa femme, il décide d'embaucher une serveuse handicapée mentale. Sa vie bascule. Dans la poésie, le rêve, l'évasion. Yolande Moreau porte un regard tendre sur ces classes moyennes laborieuses dans lesquelles on se reconnait tous un peu. Elle rit de ses personnages, jamais ne se moque. En revanche, la trame reste classique. La rencontre entre deux accidentés de la vie qui finissent par s'aider l'un l'autre pour mieux affronter la vie, Victor Hugo l'a déjà raconté avec Cosette et Valjean (Les Misérables), tout comme Francis Veber avec François Pignon et M'sieur Milan (L'emmerdeur). On va me rétorquer que Yolande Moreau, elle, s'attaque au sujet sensible du handicap, en brisant les tabous et le politiquement correct. Peut-être pas autant, mais c'est vrai que le propos est intéressant. Les attardés mentaux ne sont pas fous, ils ont juste une perception différente du monde. Illustration dans le film avec la "main courante" : synonyme de plainte pour la majorité des gens, Rosette (l'handicapée du film) préfère mimer le geste et faire courir ses doigts sur la table. Quant à la mise en scène, les cadres sont bien construits et la photo très travaillée, de quoi servir l'excellent Pippo Delbono, l'émouvante Miss Ming et le gouailleur Jackie Berroyer. Yolande Moreau met une touche de poésie dans notre quotidien terre-à-terre. J'ai aimé ce film, oui, mais je ne l'ai pas adoré. Un côté trop classique peut-être... et un peu lent, il faut être honnête...