Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 Oct

Dans la maison

Publié par Romain Duchez  - Catégories :  #Critiques Archives

On est tous des voyeurs ! Et François Ozon l'a bien compris. Que l'on mate "Loft Story" pour voir une blonde à forte poitrine s'ébattre dans une piscine, que l'on s'extasie devant des représentations de pénis dans une galerie d'art contemporain ou que l'on dévore Madame Bovary en une seule journée (jolie prouesse au passage)... même combat ! Ce qui nous intéresse au fond, c'est regarder à travers le trou de la serrure pour apercevoir ce qu'il se passe chez les autres, dans leur vie privée, dans leur maison. Au cœur du film, il y a cette relation purement littéraire entre un lycéen doué pour la prose (Ernst Umhauer excellent) et un écrivain raté devenu prof de Français (Fabrice Lucchini toujours aussi lucchiniesque). L'élève se livre à un drôle de jeu : il pénètre dans l'intimité familiale d'un de ses camarades et raconte tout dans ses rédactions ; l'enseignant, même s'il trouve le procédé un peu inquiétant, se laisse prendre par l'histoire, tel un vulgaire lecteur qui se laisserait emporter par un mauvais polar. La force de la mise en scène, c'est la narration. François Ozon réalise son film comme s'il écrivait un livre, les scènes devenant des chapitres que le lecteur-spectateur dévore avec délectation. Dans la maison s'intéresse d'ailleurs au processus de création artistique (ça fait un peu intello de dire cela, j'en conviens, mais c'est vrai), montrant combien l'art reste une affaire de subjectivité. L'écrivain doit trouver des lecteurs pour exister et le peintre des amateurs pour vivre. C'est là, d'ailleurs, que le personnage de galeriste prend tout son sens (Kristin Scott-Thomas irréprochable). Ce long-métrage peut également être vu comme une réinterprétation du mythe d'Oedipe où le fils (=le lycéen) se doit de tuer le père (=le prof) pour pouvoir avancer. Dans la maison est un film d'une audace et d'une intelligence rares, avec de multiples grilles de lecture. Classé comme un thriller (?!) mais attention, ne vous attendez pas aux Rivières Pourpres...

EN BREF : le retour du magicien Oz(on)


 


Commenter cet article
D
Bonsoir, pas mal mais pas génial non plus en y repensant. Certains personnages sont trop peu fouillés. Même le jeune homme (très beau au demeurant) est trop lisse. Bonne soirée.
Répondre
R
<br /> <br /> Au contraire, je trouve que tous les personnages sont d'une complexité rare. Le jeune homme n'a rien de lisse, il est même formidablement joué (il est rare de voir un acteur aussi jeune si bien<br /> jouer, pour moi il méritait AU MOINS une nomination pour le César du meilleur espoir). J'ai lu ta critique sur ton blog, quand tu dis que le personnage du père Rafa est cliché, c'est logique<br /> puisqu'il est décrit à travers l'oeil du jeune homme et non pas à travers l'oeil du réalisateur. Pour moi, c'est un très bon film. Peut-être l'un des meilleurs de Ozon.<br /> <br /> <br /> <br />

Archives

À propos

Le blog de Romain Duchez