A single man
De la mode au cinéma, il y a un long podium que Tom Ford a traversé. Le couturier a choisi pour patron une nouvelle britannique publiée dans les années 60 ; l'histoire d'un homme d'âge mûr qui
perd son jeune compagnon, l'amour de sa vie, dans un accident de voiture. A partir de cette esquisse, Tom Ford a cousu une œuvre personnelle dans laquelle il s'interroge sur le deuil. Solitude,
désespoir, colère, résignation, nostalgie. L'homme singulier vit des émotions plurielles, parfois paradoxales, mais bien réelles. S'il était un vêtement, ce film serait un carré en soie très
travaillé, tant le propos est fin et délicat. Un sérieuse lourdeur toutefois : ces quelques stéréotypes sur la culture gay (les hommes nus sur la plage, le fantasme du marin, les torses
transpirants de jeunes éphèbes) ; on frôle la faute de goût. Quant au visuel, Tom Ford a mis à profit son expérience des couleurs et des matières. L'image est très stylisée, avec un grain vieilli
digne des films des années 50-60. Les personnges semblent tout droit sortis d'un film d'Hitchcock, Colin Firth en homme tourmenté et Julianne Moore en femme vénéneuse. Aucun fil ne dépasse. C'est
peut-être là le reproche que l'on peut faire à la réalisation. A concevoir chaque plan comme un tableau, Tom Ford force les traits et perd en spontaneïté. A single man a
failli être un film exceptionnel, à quelques coutures près.
EN BREF : un drame stylé
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