Nocturnal animals ✔✔✔

DRAME / De Tom Ford (USA). Avec Jake Gyllenhaal et Amy Adams.

LE PITCH / Susan est bouleversée par le livre qu'elle est en train de lire. Non, il ne s'agit pas du dernier Marc Lévy. Ni de la biographie de Nabilla. Le manuscrit a été écrit par son ex. Une manière pour lui de réapparaître dans la vie du Susan. Inquiétant ? Pile au moment où elle se sent seule dans sa grande villa froide, perdue au milieu de ses œuvres d'art contemporain. Eh oui, un chien de Jeff Koons ne remplace pas un mari absent...  

Un portail s'ouvre sur une immense villa d'architecte. La berline s'avance dans la propriété. Un chien de Jeff Koons trône au bord de la piscine. Le décor est planté, nous ne sommes pas chez des SMICards. Tom Ford nous parle des gens qu'il connaît bien, les riches hollywoodiens adeptes d'art contemporain et de lunettes à 10.000. La mise en scène est soignée, la construction des plans est précise, comme un costume Tom Ford.

Mais le scénario cousu de fil blanc se déchire soudainement. On se retrouve sur une route déserte du Texas, en pleine nuit, plongés dans un thriller à suspense. Pourquoi ? Quel lien avec la bourgeoise qui n'arrête pas de mettre et de remettre ses lunettes à la Audrey Pulvar ? (#parebrises) Tom Ford parvient à nous tenir en haleine, grâce à des allers-retours (de récit, je précise) savamment rythmés entre l'univers froid et sécurisé de la villa et l'univers chaud et dangereux de la route texane. 

Crédit photo : © Universal Pictures International France

Surprendre et dérouter. N'imaginez pas rester dans votre fauteuil à grignoter tranquillement du pop corn. Même le générique de début est dérangeant ! Et tellement décalé que je me suis demandé si je ne m'étais pas trompé de film et de cinéma. Je me souviens du premier film de Tom Ford, A single man, qui était prometteur mais trop propre à mon goût. Là, le créateur réalisateur a réussi à mettre un peu de crasse dans son esthétisme. Je valide !

L'être humain est un sacré animal nocturne. Ce film, librement adapté d'un roman, nous le prouve. Avec, en filigrane, un questionnement autour de l'art, et de son impact sur les esprits. Une œuvre chère volontairement choquante laisse parfois moins de trace qu'un bon polar. Nocturnal Animals est une forme de vengeance contre ces snobs méprisants et blasés, qui croient connaître l'essence de l'art sans en comprendre le sens. Voilà un excellent film pour démarrer l'année 2017 !