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21 Sep

Toril, Chouf... Les gangsters ont l'accent du Sud !

Publié par Romain Duchez  - Catégories :  #Critiques 2016

Toril, Chouf... Les gangsters ont l'accent du Sud !

Oh peuchère. Quand les réalisateurs veulent faire un film de gangsters, étrangement, ils choisissent pour cadre le Sud plutôt que les marais du Poitou ou les volcans d'Auvergne. Sachant que le Nord-Pas-de-Calais (enfin les Hôôôôôô de France) est lui réservé aux chroniques sociales sur des ouvriers victimes de licenciements économiques. Comme si les trafiquants de drogue étaient plus crédibles en hurlant « putainggggg conggg ».

Hasard du calendrier, l'actu cinéma nous livre deux exemples en cette rentrée 2016. Deux petits films français qui n'auront pas le droit à la même médiatisation que le dernier Xavier Dolan, deux petits films où le son des cigales couvre le bruit des armes à feu, deux petits films qui peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes : Toril, de Laurent Teyssier, sorti le 14 septembre dernier, et Chouf, de Karim Dridi, en salles le 5 octobre prochain.

Crédit photo : © La Belle Company

Crédit photo : © La Belle Company

Toril ✔✔✔

Depuis le temps que je patiente dans cette chambre noire... Les taureaux se révèlent ici des outils de torture particulièrement pervers. Nous voilà plongés dans le monde de la tauromachie, des producteurs de fruits et légumes... et des trafiquants de drogue. C'est l'histoire de Philippe, un jeune homme paumé qui franchit la ligne rouge pour trouver de l'argent et aider son père agriculteur en faillite. Mais vendre de la drogue, ce n'est pas aussi simple que vendre des tomates et des courgettes.

L'image est superbe. Avec des plans magnifiques sur les marais salants de Camargue et des contre-jours sublimes dans la campagne arlésienne. En contraste total avec la dureté et la noirceur de l'histoire. Au-delà du thriller très prenant, le film dépeint la triste réalité des petits agriculteurs français, incapables de sortir un revenu décent pour vivre.

Au centre de cette arène, les acteurs plantent leurs banderilles avec talent : Vincent Rottiers, Bernard Blancan, Tim Seyfi et Sabrina Ouazani. Seul petit bémol, la fin un chouia bâclée, mais c'est un détail. Allez voir ce film humble mais puissant !

Crédit photo : © Pyramide Distribution

Crédit photo : © Pyramide Distribution

Chouf ✔✔

Cet autre film n'est pas encore sorti. Mais en tant que VIP (en fait, merci l'abonnement UGC pour l'invitation !), j'ai pu assister à l'avant-première en présence du réalisateur Karim Dridi. Là encore, on se retrouve avec des trafiquants de drogue à l'accent chantant.

Rien à voir toutefois avec les grands espaces de la Camargue, ici l'horizon est bouché par le béton des grandes barres d'immeubles. A peine peut-on s'oxygéner dans les calanques, mais à chaque fois pour assister à un meurtre. Un décor qui tue. On suit un petit groupe de caïds, qui vendent du cannabis à deux pas de la Canebière. Ils sont emportés dans la spirale de la violence, bien incapables d'en sortir.

Le film est dur. Et m'a laissé perplexe. Au premier degré, c'est un film de gangsters comme un autre, avec de l'action, du suspense et du sang. Mais le sous-texte interroge. Certains spectateurs, après le film, lors des échanges avec Karim Dridi, ont pointé certains clichés sur les banlieues, reprochant le manque d'optimisme. Le réalisateur se défend en expliquant qu'il a voulu faire un film de genre, rien de plus. Mais du coup, on a du mal à cerner si le metteur en scène condamne ou cautionne. Le manque d'espoir est gênant. Ce film crée le débat, ne laisse pas indifférent, et c'est déjà une qualité.

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