Frantz ✔✔✔

DRAME / De François Ozon (France). Avec Pierre Niney et Paula Beer.

LE PITCH / La Première guerre mondiale venait de s'achever. Il était une fois une jeune femme aimant la currywurst qui pleurait sur la tombe de son défunt mari mort sur le front. Un beau jour, elle croisa un prince énigmatique, a priori davantage adepte de la saucisse de Montbéliard ou de Toulouse, dans le cimetière, devant le même monument funéraire. Que diable, s'écria-t-elle. Ou plutôt : was zum Teufel ! Anna décida alors de découvrir qui se cachait derrière cette silhouette française...

Les séances "Label des spectateurs UGC", vous connaissez ? C'est un avantage réservé aux titulaires de la carte illimité de la grande enseigne. Le principe est simple. Vous êtes invité(es) à une avant-première sans connaître au préalable le film que vous allez voir. A la sortie, on vous demande de répondre à un mini-questionnaire pour savoir si vous avez apprécié le long-métrage, afin d'attribuer (ou pas) au film le "Label des spectateur UGC". Bref, on vous demande d'être jury comme dans un festival. Sans le strass, sans la palme, sans les discours.

C'est une loterie. Vous pouvez aussi bien tomber sur Les bronzés 3 que sur la dernière daube mitonnée par Jennifer Aniston... ou sur Frantz le nouveau film de François Ozon. Oui, je sais, j'ai eu du bol sur ce coup-là. Tellement de bol que François Hollande pourrait être jaloux. Lorsque j'ai vu le nom de Pierre Niney s'afficher au générique, j'ai trépigné dans mon strapontin usé, générant un grincement strident fort sympathique pour les autres spectateurs.

Je m'excuse d'avance, mais je vais ENCORE dire du bien d'un film d'Ozon. Depuis plusieurs opus déjà, il parvient à se renouveler, tout en reprenant des thèmes qui lui sont chers : le secret, la différence et l'incompréhension entre les êtres. Même si le ton est beaucoup plus romanesque que d'habitude.

Crédit photos : © Mars Films

Au-delà de l'histoire d'amour contrarié entre Adrien et Anna, ce film est surtout une histoire en marge de l'Histoire. Et je ne vous raconte pas des histoires, promis. François Ozon nous rappelle qu'il faut être deux pour faire la guerre, que les gentils (ou les méchants) se trouvent dans les deux camps et que les sons de cloche sont bien différents d'un côté et de l'autre du front. Chacun sa part de barbarie. Finalement, Français et Allemands ont beaucoup en commun. D'où la force du titre : Frantz est le prénom allemand le plus proche de la France par les lettres et la prononciation ! En sortant de la séance, je repensais à cette chanson de Goldman. Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt, aurais-je été meilleur ou pire que ces gens ?

Côté casting, on joue très bien des deux côtés du Rhin. Le fougueux Pierre Niney face à la torturée Paula Beer. Tous les deux illuminent la pellicule noire et blanche. La langue allemande que je trouve habituellement gutturale et âpre (en clair insupportable à écouter) devient douce et mélodieuse via les cordes vocales des jeunes acteurs. Cela donnerait presque envie de revoir Le ruban blanc de Michael Haneke. Non j'déconne, je n'ai pas envie de m'endormir tout de suite.