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08 Nov

Seul sur mars ✔✔✔

Publié par Romain Duchez  - Catégories :  #Critiques 2015

Seul sur mars ✔✔✔

SCIENCE-FICTION / De Ridley Scott (USA). Avec Matt Damon et Jessica Chastain.

LE PITCH / Mac Gyver peut aller se rhabiller. Mark Watney, cosmonaute abandonné par erreur sur Mars, fait bien mieux que construire des bombes avec des chewing-gums et un couteau suisse. Excusez du peu, Mark est capable d'inventer un alphabet, de cultiver des pommes de terre sur la planète rouge et d'envoyer des mails sans wifi ! Est-ce que ce sera suffisant pour sauver sa peau ? C'est une autre question...

Après Seul au monde (le-mec-tout-seul-une-île-déserte), après Into the wild (le-mec-tout-seul-dans-la-nature), après Interstellar (le-mec-tout-seul-dans-l-espace), après Buried (le-mec-tout-seul-dans-un-cercueil), voici donc Seul sur Mars (le-mec-tout-seul-sur-la-planète-rouge). Vous remarquerez au passage que ce sont toujours les hommes qui se mettent dans des situations aussi merdiques, mais ce sont les femmes qu'on accuse d'avoir un sens de l'orientation foireux. Ridley Scott nous propose donc une nouvelle variation sur le même thème de la solitude. Le héros abandonné qui lutte pour sa survie. Quoi de bien nouveau me direz-vous ? Pourquoi mettre trois étoiles ?

Non je n'ai pas fumé de l'azote martien. Certes, le thème est éculé (je n'ai pas oublié de 'n', ça ne voudrait rien dire sinon), mais le réalisateur parvient à renouveler le genre. Déjà, le décor : personne n'avait imaginé un héros perdu sur la planète rouge ! Cela donne lieu à des plans magnifiques sur des payages rougeoyants, à la fois désertiques et lunaires, quelque part entre le Colorado et l'Australie. Et la tempête dans la séquence d'ouverture... un superbe moment de cinéma.

Une autre originalité : l'humour. D'habitude, les films avec des cosmonautes sont très sérieux, nourris par des réflexions hautement philosophiques. On y parle volontiers de la gravitation quantique à boucles basée sur la quantification canonique directe de la relativité générale dans une formulation hamiltonienne sachant que la covariance générale des équations n'est plus manifeste. Avec la NASA, on est plus habitué à se prendre la tête qu'à rigoler. Dans ce film, toutes les théories scientifiques sont balayées par des vannes stratosphériques ; ma préférée : « eh, j'ai colonisé Mars... Dans ta gueule Neil Armstrong ! »

Crédit photos : © 2015 Twentieth Century Fox

Crédit photos : © 2015 Twentieth Century Fox

Ridley Scott se paie même le luxe de nous coller des musiques disco grand public, là où habituellement on nous met des airs électro mystiques composés par des groupes scandinaves indépendants. Quand un cosmonaute perdu sur Mars se démène pour ne pas mourir, la chanson I will survive prend tout son sens. Bien plus, finalement, que lorsqu'elle est chantée à tue-tête par des mecs en tee-shirt bleu courant après un ballon rond.

Alors qu'Interstellar m'avait profondément ennuyé, durant la projection de Seul sur Mars, je n'ai pas regardé ma montre une seule fois. La force narrative est telle qu'on ne décroche pas. Je me suis fait avoir comme un bleu par tout ce rouge. Le héros va-t-il s'en sortir ? Bien sûr que oui, le film est américain. A moins que... En fait, c'est vraiment mal barré. Non mais il va y arriver. Peut-être pas. C'est impossible. Quoique possible en même temps... Jusqu'à la dernière séquence, cette histoire m'a tenu en haleine.

A qui le tour désormais de renouveler le genre ? On attend bientôt Seul sur la Lune, Seul au Congo, Seul au milieu des Picaros, Seul avec une oreille cassée et Seul au pays des Soviets. En même temps, comme le disait un illustre poète québécois, « celui qui n'a jamais été seul, au moins une fois dans sa vie, peut-il seulement aimer, peut-il aimer jamais ? » Je vous laisse méditer...

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Y
Bel article
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R
Merci beaucoup ! J'ai pris plaisir à l'écrire, dans le train. L'inspiration était sur de bons rails ;)

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