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01 Nov

Mon roi ✔✔✔

Publié par Romain Duchez  - Catégories :  #Critiques 2015

Mon roi ✔✔✔

DRAME / De Maïwenn (France). Avec Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel.

LE PITCH / Toi toi mon toit, toi toi mon tout Mon Roi... Tony est amoureuse de son Georgio. Il est tout pour elle. Son baron, son roi, son dieu. Le problème, c'est que les souverains abusent parfois (souvent) de leur position dominante. Entre deux orgies à Versailles, ils n'hésitent pas à faire souffrir leurs courtisanes. Georgio, sous ses airs princiers, cache un côté sadique de marquis. Elle, elle l'aime... comme pourrait chanter Hélène Ségara. Pas sûr qu'il lui réponde Vivo per lei en retour (sympa ma culture musicale non ?).

Mais comment fait-elle ? Comment Maïwenn parvient-elle à créer des moments de vérité aussi intenses dans ses films ? Après Polisse, elle m'a encore une fois bluffé par tant de réalisme. Les engueulades entre Tony et Georgio sont si intenses... on en oublie les comédiens qui récitent des dialogues écrits à l'avance, certainement même répétés lors de lectures nocturnes d'avant-tournage. Le talent des acteurs n'explique pas tout, encore faut-il qu'ils soient bien dirigés. Du cinéma-réalité (sans les appels surtaxés et les mauvaises vannes de Christophe Beaugrand).

L'autre qualité de ce film, c'est qu'il donne un éclairage nouveau sur un thème beaucoup vu, lu et entendu. Les pervers narcissiques existent depuis toujours, mais ils sont particulièrement à la mode ces derniers mois. Mélanie Laurent s'était intéressée au sujet, via le portrait de deux ados dans Respire. Maïwenn, elle, nous raconte le phénomène à travers la vie d'un couple sur plusieurs années.

Crédit photos : © Studio Canal

Crédit photos : © Studio Canal

A-t-elle été victime d'un pervers narcissique ? S'est-elle documentée ? Maïwenn nous décrit un cas d'école en la personne de Georgio. Le bellâtre charismatique qui, à l'extérieur, passe pour le mari parfait mais qui, à l'intérieur du couple, détruit psychologiquement son épouse autant qu'il la rend dépendante. Ça fait peur, hein ? Surtout qu'elle ne voit rien, aveuglée par son amour. Il y a un côté sado-maso dans cette relation que Maïwenn arrive subtilement à saisir, jusque dans les regards et les silences. Vincent Cassel est délicieusement dangereux, Emmanuelle Bercot formidablement malheureuse.

Qu'est-ce qui fait le plus mal, finalement ? La plus grande des douleurs physiques ou la petite douleur psychologique répétitive ? Réponse B Jean-Pierre et c'est mon dernier mot. Les histoires d'amour finissent mal en général. Parfois très mal.

Je sais que certains aiment gloser en ce moment sur la supposée hystérie de Maïwenn. Comme si ça n'existait pas les couples qui se hurlent dessus. Et puis c'est bien connu, les femmes ont des montées d'hormones qui les empêchent d'avoir un avis raisonné. Ridicule. La réalisatrice a simplement choisi un sujet qui nécessite de l'hystérie. Comment raconter la perversion narcissique sans crise névrotique ? Si ce film avait été réalisé par un homme, je me demande ce qu'auraient écrit nos amis critiques élitistes...

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