Maryland ✔✔✔
SUSPENSE / De Alice Winocour (France). Avec Matthias Schoenaerts et Diane Kruger.
LE PITCH / Rien à voir avec Bodyguard. Il est question d'un garde du corps certes, mais l'histoire est plus sanglante et plus flippante. Vincent est chargé de protéger l'épouse d'un homme d'affaires influent. Super, il va pouvoir se rincer à l'œil... et se rincer l'œil car la femme n'a pas le physique de Maïté. « De la simple garderie » lui a-t-on vendu. Sauf qu'un danger semble roder dans la grande maison ultra-sécurisée... Attention derrière la porte !
Pour réussir un film à suspense, il y a trois règles essentielles à respecter. D'abord, instaurer une ambiance angoissante pour déstabiliser le spectateur. Ensuite, raconter une histoire simple et efficace pour garder le spectateur. Enfin, prévoir un twist final pour surprendre le spectateur. Maryland répond à tous ces critères. Attention toutefois si vous êtes d'une nature peureuse : vous n'avez pas fini de sursauter au moindre craquement inopiné ou murmure suspect après avoir vu ce film.
La mise en scène est très prenante. Dès le premier plan, la caméra nous embarque dans la foulée du héros, un militaire traumatisé par la guerre et reconverti en garde du corps. Le suspense est subtilement distillé par petites touches. Pas besoin de grosses explosions pour faire peur, on n'est pas dans Le transporteur 12. Alice Winocour, la réalisatrice, revient aux basiques : la porte qui claque, l'ombre qui passe derrière le héros, le très gros plan sur un chien aux abois, la musique lancinante. Elle applique à la lettre le manuel du parfait petit Hitchcock.
Mais Maryland n'a pas pour seul objectif de nous foutre les chocottes (expression très moderne), il cherche aussi à nous faire travailler du ciboulot (expression très moderne bis). Regard sur les dérives du tout sécuritaire dans notre société anxiogène. La maison a beau être ultra-protégée (on se croirait au PC sécurité de la ville de Nice...), elle finit par emprisonner les personnages. Les télé sont branchées sur des chaînes infos diffusant en boucle des reportages parlant de terrorisme, et participant ainsi à la psychose générale.
Après De rouille et d'os, Matthias Schoenaerts crève une nouvelle fois l'écran (et quelques malfrats au passage). Il porte l'histoire sur ses épaules tatouées. On avance, on respire, on entend... à son rythme. Il bat la mesure et la démesure, dans la peau d'un garde du corps ambivalent capable à la fois de nous rassurer et de nous paniquer en une seule et même expression faciale.
Je me suis fait avoir comme un bleu par ce film noir, où les héros verts de peur voient souvent rouge (sang). Arrêtez de rire jaune... Si je fais mon malin en multipliant les jeux de mot, c'est surtout pour éviter de trop en raconter sur le scénario. Ce film est encore plus fort quand on se fait avoir par le dénouement surprise. Qu'il est bon de se faire peur, parfois.
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