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28 Sep

Marguerite ✔✔✔

Publié par Romain Duchez  - Catégories :  #Critiques 2015

Marguerite ✔✔✔

DRAME / De Xavier Giannoli (France). Avec Catherine Frot.

LE PITCH / Marguerite n'a pas une voix en or, mais elle a beaucoup d'argent. Dans son oisiveté d'épouse bourgeoise, elle passe le temps en organisant des petits concerts de musique de chambre (au profit des bonnes œuvres évidemment). Et c'est elle qui assure la tête d'affiche. Elle chante comme une casserole et se prend des gamelles sur les portées musicales ; pourtant, personne n'ose lui dire que ses spectacles sont indigestes. Portrait surréaliste tiré d'une histoire vraie.

Elle aurait voulu être une artiste, pour pouvoir faire son numéro. Marguerite est une chanteuse ratée, sans talent, qui rêve de musique, de gloire, de public. On est dans les années 20, juste après la Première guerre mondiale. La théorie du quart d'heure de célébrité n'a pas encore été développée par Andy Warhol ; cette histoire en est pourtant l'illustration. Marguerite, à force d'obstination et d'argent, parvient à être en haut de l'affiche. A des années-lumières de la télé-réalité, ce personnage de bourgeoise déjantée nous montre combien le talent et la célébrité sont des notions très relatives.

Au début, on rigole sous cape (enfin pour ceux qui mettent encore des capes). Mon Dieu mais qu'est-ce qu'elle chante faux ! Nos oreilles saignent. Puis, peu à peu, Marguerite Dumont nous attendrit. Délaissée par son mari dans une société parfaitement machiste, elle cherche un peu de fun et d'admiration. Pourquoi pas ; après tout, elle ne fait de mal à personne. A la fin, on prend même fait et cause pour elle. Et si les utopistes en plein rêve étaient les gens les plus heureux ? Délestés des tracas quotidiens et de la morosité ambiante. On parvient presque à l'envier, cette folle qui s'égosille sur une scène de théâtre. Attention toutefois à la chute, car ses ailes sont fragiles, comme Icare, et le soleil du public peut brûler.

Marguerite ✔✔✔

Dans cette symphonie d'émotions, Xavier Giannoli est un chef d'orchestre hors pair. Dès que l'histoire va descresendo, il sait la relancer avec des coups de théâtre et du rythme. La séquence d'ouverture est très prenante. Comme lorsqu'on entre dans une salle de spectacle : on cherche sa place, on s'installe, on attend. Giannoli a su saisir l'impatience de voir le rideau se lever. Ce moment où l'on dit : « bon allez, stoppez la musique d'ambiance, moi je veux voir l'artiste, le concert devait démarrer à 20h30, il est 20h38 c'est un scandale ! ». Marguerite n'apparaît qu'au bout de quelques minutes. Une entrée orchestrée avec soin. Tout le reste du film est sur la même tonalité.

Contrairement à son personnage qui chante faux, Catherine Frot joue juste. Elle se balade en équilibre entre le ridicule et le tragique. On ne voit pas qui d'autre aurait pu interpréter cette Marguerite Dumont. Et puis, elle est très bien épaulée par d'excellents seconds rôles. Notamment Michel Fau qui, lui aussi, joue juste... contrairement à son nom (je ne pouvais pas la rater !). Ce chanteur lyrique excentrique permet à Marguerite de vivre son rêve à fond. Il est aussi source de rire... Quelle coupe de cheveux ! Il faudrait punir son coiffeur en lui faisant écouter en boucle un vinyl de Marguerite...

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