Victoria ✔✔
THRILLER / De Sebastian Schipper (Allemagne). Avec Laia Costa.
LE PITCH / Victoria parle allemand comme une vache espagnole. Elle est surtout inconsciente. A la sortie d'une boîte de nuit, elle décide de suivre quatre mecs bourrés qu'elle ne connaît pas, et qui ne parlent pas sa langue maternelle. La beuverie potache pourrait bien se transformer en drame sanglant. Il ne faut pas parler aux inconnus, nous disent nos mamans. Et elles ont bien raison.
C'est unique dans l'histoire du cinéma (enfin, à mon humble connaissance), Victoria est un thriller en temps réel, un long plan-séquence de 2h14, tourné en 2h14 au petit matin à Berlin, sans la moindre coupe (j'ai bien cherché les astuces comme dans La corde d'Hitchcock ou Birdman d'Iñàrritu, je n'ai rien trouvé), comme une immense pièce de théâtre tournée dans la continuité dont le décor est un quartier d'habitation ; un grand respect au réalisateur pour le calage d'un tel barnum proche de l'usine à gaz artistique, aux producteurs pour la prise de risque, et aux comédiens pour la justesse de jeu malgré le stress de pouvoir planter le film à tout moment avec une parole de travers, un fou rire ou une chute dans l'escalier ; pour la petite anecdote, le célèbre metteur en scène américain Darren Aronofsky (auteur des merveilleux Requiem for a dream et Black swan) est tombé sous le choc, expliquant que Victoria avait "bousculé son monde", des paroles fortes pour une œuvre forte qui nous montre la jeunesse d'aujourd'hui, sans véritable but, en proie aux difficultés économiques, parfois tentée de [A SUIVRE]
[SUITE] rejoindre le côté obscur pour s'en sortir, une thématique renforcée par la présence de personnages allemands et espagnols, histoire de montrer que chez Angela comme chez Podemos on trime pour s'en sortir ; encore un point virgule, là vous vous dites que je ne vais jamais terminer cette phrase, considérez cette critique comme une version littéraire du plan-séquence, avec cette volonté de vous faire suivre sans interruption le fil de mes arguments, positifs jusque-là, mais mitigés à l'arrivée, tout simplement parce que je trouve que le principe du plan-séquence, pour un long-métrage, a ses limites, tout comme la phrase proustienne interminable, Victoria a les défauts de ses qualités, on finit par lâcher prise, parfois s'ennuyer, et avoir une seule envie, que le point final arrive, afin de prendre le temps de respirer, car c'est ce que j'ai ressenti en voyant ce film, une technique de maître, mais une histoire très simple, au suspense relatif, qui met du temps à se mettre en place, se dérouler et se terminer, vous devez ressentir la même chose en ce moment, à vous dire que cette critique ferait bien d'arriver à son terme, car la phrase est un peu (trop) longue ; moi j'aime les coupes, les ellipses, les flashbacks, car l'art du cinéma repose beaucoup sur le montage, mettre des points finaux, exclamatifs ou interrogatifs, ça permet de respirer, un point c'est tout.
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