John Steed is dead. Chapeau bas.
Crédits : © 2002 Universal Collections / © Canal + Images UK Ltd
L'homme au chapeau melon n'est plus. Sa Rolls va rester au garage. Patrick MacNee, alias John Steed pour l'éternité, nous a quittés après 93 années de bons et loyaux services. Il nous laisse seuls face aux scientifiques démoniaques qui veulent contrôler le monde. Cathy, Emma, Tara et Purdey sont veuves. Ne reste qu'à trinquer en l'honneur du plus grand gentleman de l'histoire de la télévision. Avec du champagne, of course.
Patrick MacNee est l'homme d'un seul rôle. Celui de l'agent secret John Steed, assommant ses assaillants avec un chapeau melon renforcé et taquinant ses partenaires féminines avec des allusions si subtiles. Au cinéma, on retiendra son rôle de majordome auprès d'un autre agent célèbre, James Bond, dans Dangereusement vôtre. Et puis une apparition, en homme invisible, dans l'adaptation ciné de Chapeau melon et bottes de cuir avec Ralph Fiennes et Uma Thurman. Ultime clin d'œil à cette série qui l'a rendu célèbre.
Patrick MacNee reste le symbole d'une époque révolue, les années 60 (et 70). Le temps où les combinaisons moulantes multicolores aidaient à combattre les méchants. Le temps où les téléphones à cadran servaient à joindre le chef des services secrets. Le temps où le sexe restait dans le sous-entendu et le non-dit. Un monde en 4/3 où tout était possible.
Avec la mort de John Steed, c'est une partie de mon enfance qui s'en va. Chapeau melon et bottes de cuir était mon rendez-vous immanquable du samedi après-midi, vers 16h50, sur M6. Juste avant Le Saint et Amicalement Vôtre. J'allais acheter des bonbons à l'épicerie la plus proche et je revenais le plus vite possible avec mon vélo pour ne pas manquer les coupes de champagne qui tintent au début du générique. Une série inventive (malgré le manque de budget), en avance sur les mœurs de l'époque (que de sous-entendus et de personnages à la sexualité douteuse) et tellement drôle.
Il m'arrive par moment de replonger dans cette parenthèse télévisuelle enchantée grâce aux DVDs de la série. Aujourd'hui serait le jour idéal pour improviser un British teatime, avec une amie si chère, devant un épisode déjanté où un homme-oiseau sorti d'un manga s'en va tuer à coups de griffes des riches industriels. Ce serait un joli "moment d'épiphanie" selon la formule consacrée, en hommage à ce bon vieux Steed.
Je conclurai en paraphrasant celle qui connaissait Steed mieux que quiconque (et qui n'a pas hésité à le plaquer pour James Bond!), Mrs Emma Peel : "Un bon conseil, conservez toujours votre chapeau melon sur la tête en période de danger et gardez-vous des esprits diaboliques qui pourraient vous menacer. Au revoir Steed".
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