Une nouvelle amie ✔✔
Drame de François Ozon (France)
Le travesti est à la mode. En mai dernier, c'est une femme barbue qui remportait le Concours de l'Eurovision. Aujourd'hui, c'est Romain Duris qui s'épile et porte une perruque blonde, pour incarner un homme très porté sur la chose féminine. Un jeune papa qui aime jouer les mamans, comme décomplexé par la disparition tragique de son épouse. Anaïs Demoustier, l'amie du couple, en tombe les assiettes en porcelaine. Surprise assurée.
La démarche de François Ozon est louable. Il veut normaliser une situation qui, pour beaucoup, paraît anormale. En montrant un homme hétérosexuel, très charmeur, qui se travestit, le réalisateur fait exploser les bons vieux clichés. Oui, on peut aimer les femmes au point de vouloir leur ressembler. Le travesti n'est pas montré comme un pervers ni comme un malade, juste comme un homme qui tente de s'assumer envers et contre le regard des autres. Ce film déroute, dérange, mais le cinéma est aussi là pour remettre en question nos a priori.
La direction d'acteur est impeccable. Romain Duris est parfait pour ce rôle. Masculin, mais suffisamment chétif pour enfiler une robe cocktail et des escarpins. Une performance qui pourrait bien lui valoir une nomination aux Cesars, car la profession aime bien les hommes habillés en femmes. Souvenez-vous de Michel Serrault dans La cage aux folles. Anaïs Demoustier, elle, joue les filles au masculin (comme dirait Indochine) avec candeur, fraîcheur et subtilité. Elle éclipse même, par moment, sa copine Romain Duris.
Malheureusement, dans la deuxième moitié du film, Ozon donne dans la surenchère. Peut-être pour renforcer l'intensité dramatique. Mais pourquoi aller plus loin dans le mélange des genres ? La tension sexuelle qui s'instaure entre les deux personnages principaux met mal à l'aise. L'histoire perd en subtilité, donc en crédibilité. Le réalisateur se perd un peu dans toutes les thématiques qu'il veut aborder, tout se mélange : l'amitié, l'amour, la solitude, la vie de couple, la rumeur, l'acceptation de soi...
Ce film m'a laissé une drôle d'impression. A tellement vouloir déranger, François Ozon finit par desservir la cause qu'il voudrait défendre. On aimerait y voir des allusions à Almodóvar, mais cette Nouvelle amie ne joue pas dans la même cour que Tout sur ma mère.
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