Pride ✔✔✔

Comédie sociale de Matthew Warchus (GB)

J'aime le cinéma qui divertit. J'aime aussi le cinéma qui informe. Ce film raconte une petite histoire vraie que les grands livres d'Histoire ne mentionnent sans doute pas : l'alliance entre des militants homosexuels londoniens et des mineurs gallois en grève, dans les années 80, pour lutter contre l'establishment thatchérien. Leurs combats pour la reconnaissance et la subsistance étaient différents, pourtant bien semblables.

Au départ, c'est un peu la carpe et le lapin qui se rencontrent. Les travailleurs de la mine n'ont pas grand chose à voir avec les adorateurs de la Mine(lli). Le ressort comique du film repose d'ailleurs sur ce décalage. "Il paraît que les lesbiennes sont toutes végétariennes?" s'interroge une grand-mère galloise. Réplique mythique. Tandis qu'un ouvrier un peu bourru demande à un gay s'excitant sur une musique disco : "vous pourriez m'apprendre à danser? Car ça a l'air de marcher avec les femmes...". Mine de rien, on rit beaucoup dans ce film!

© Nicola Dove

Pas de misérabilisme. Pourtant il y aurait matière, entre les familles de mineurs qui crèvent la faim dans le froid gallois et les gays qui affrontent l'arrivée du SIDA dans une société pas franchement progressiste. Le réalisateur préfère l'optimisme. Et le dynamisme. Servi par une bande originale pop très entraînante. Un petit tube de Bronski Beat, et vous vous retrouvez à battre la mesure avec le pied.

Au départ, on pourrait croire que Pride est un film sur les homos, pour les homos. Puis, à mesure que l'histoire se déroule, on se rend compte que le message est plus universel. Symbolisé par une image, que l'on voit à la fin du film : une poignée de main. C'est la lutteuuuuh finaleuuuuhhh! Le réalisateur s'intéresse à l'action collective, à l'entraide. Et montre combien les hommes savent parfois faire fi des différences et des préjugés pour s'unir, peu importe l'issue du combat (plutôt négative pour les ouvriers, plutôt positive pour les gays). L'important est que les gens se parlent, s'acceptent, s'aident. Un tel discours redonne espoir, en ces temps troublés où le communautarisme et le rejet de l'autre s'exacerbent.

Décidément, les britanniques sont très doués pour les comédies sociales. Pride est le digne héritier de The full monty, Billy Eliott et Les virtuoses. Ken Loach n'est pas bien loin. Et les gens de la Manif pour tous, ils en pensent quoi de ce film ??!