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22 Oct

Mommy ✔✔✔✔

Publié par Romain Duchez  - Catégories :  #Critiques 2014

Drame de Xavier Dolan (Canada)

Concert de louanges pour ce film, depuis sa présentation à Cannes en mai dernier jusqu'à sa sortie en salles au début du mois. Je vais mêler ma partition à cette mélodie dithyrambique, n'ayant pas vu la moindre fausse note dans ce long-métrage. Xavier Dolan est un virtuose du 7ème art. On peut ne pas aimer ses films, on ne peut pas ne pas reconnaître son talent. (Et on ne peut pas tromper 1000 fois 1000 spectateurs!).

Mommy, c'est une transposition du complexe d'Oedipe dans le Québec d'aujourd'hui. Une relation tantôt haineuse tantôt aimante entre une mère courage pas très classe et son fils violent incapable de rester en classe. A travers ce portrait, tout est dit sur les rapports parents/enfants, l'impossibilité de communiquer comme l'impossibilité de se séparer. Xavier Dolan n'a que 25 ans mais donne l'impression d'avoir déjà tout compris. Il est bien loin le temps où il voulait tuer sa mère (déjà avec la même Anne Dorval). Le jeune écorché vif semble avoir réfléchi et pris du recul sur les responsabilités des adultes.

© Shayne Laverdiere

© Shayne Laverdiere

On peut reprocher parfois à Xavier Dolan sa prétention, si agaçante dans Les amours imaginaires par exemple. Avec Mommy, j'ai l'impression qu'il a réussi à mettre son égo de côté pour mieux servir son histoire et ses personnages. D'ailleurs, il ne joue pas dans le film, il reste à la réalisation et à l'écriture. On apprécie d'autant mieux son talent, qui ne se résume pas une astuce de cadrage censée traduire l'enfermement des personnages. La mise en scène est truffée de petites trouvailles esthétiques et graphiques, pour les repérer il faudrait revoir le film au ralenti (oui, 2h30 au ralenti, c'est mon côté maso!). Visuellement, Mommy est un film riche.

Et si on parlait un peu des acteurs ? Anne Dorval m'a scotché. Trop de maquillage, trop de bavardages, trop de hurlements, trop de pleurs... Mais une outrance au profit d'un personnage tout en nuance. Elle est émouvante quand elle explique à son fils qu'elle l'aime, même s'il la fait grave putain de fuckin' chier! C'trop big c'qu'elle clame là. Face à elle, le jeune Antoine-Olivier Pilon est époustouflant dans la peau de l'ado hystérique incontrôlable. Jamais vu quelqu'un capable de dire autant de fois le mot 'fuck' et rester touchant!

Ce film est si bien réalisé qu'on écoute "On ne change pas" de Céline Dion comme si de rien n'était. On se contente d'être ému par la scène en question. Car les mots de la chanteuse (signés Goldman) prennent vie dans ce film. Un air populaire pour parler de gens issus du peuple, c'est cohérent finalement. Enfin, Xavier Dolan n'en oublie pas de piocher dans sa playlist bobo en utilisant "Born to die" de Lana del Rey.

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