Enemy ✔✔
Thriller psychologique de Denis Villeneuve (Canada)
On a tous un sosie sur terre. Enfin, il paraît. Vous avez forcément déjà entendu cette affirmation, qui relève davantage de la légende urbaine que de la réalité scientifique. Denis Villeneuve a mis en image ce truc dingue : un jeune prof d'histoire sans histoires tombe un jour sur son sosie parfait. A s'y méprendre : même visage, même voix, même cicatrice sur le torse. Et vous, que feriez-vous dans cette situation ?
Le prof de Enemy décide de rencontrer ce double. D'abord, en s'approchant timidement, en observant son immeuble de loin, en téléphonant à son domicile. Jusqu'à la rencontre fatidique, inévitable. Un moment fort du film. L'idée, au départ séduisante, de faire connaissance avec sa copie conforme se révèle finalement dangereuse et inquiétante. Eh oui, toujours se méfier des copier-coller! S'ensuit une réflexion sur le moi, l'autre, le sur-moi, le je, le nous, le ils... De quoi vous conjuguer les neurones entre eux. D'ailleurs, c'est un défaut de ce film : à tellement vouloir faire réfléchir, il nous embrouille un peu. Je n'ai pas compris, par exemple, toute la symbolique autour des araignées, il faudrait peut-être demander conseil à l'arachnophile Mylène Farmer...
Enemy s'attarde sur ce trouble vécu par les deux vrais/faux jumeaux. Un trouble renforcé par l'atmosphère urbaine brumeuse et par la photographie légèrement jaunie. Les frottements de cordes de violoncelle accentuent le malaise (quoiqu'un peu trop répétitifs).
Les deux protagonistes décident alors d'échanger leurs femmes (un nouveau concept de télé-réalité que NRJ12 devrait sérieusement étudier). Les deux sont blondes certes, mais vont-elles se laisser manipuler? Je m'abstiendrai d'en dire plus pour éviter tout spoiling. C'est plutôt engageant comme scénario de base (désolé je n'ai pas dit "pitch", ça me fait trop penser aux brioches). Malheureusement, on a le sentiment que Denis Villeneuve ne prend pas la bonne route, qu'il aurait pu faire encore plus angoissant. Je ne sais pas, on pouvait imaginer qu'un double décide de faire disparaître l'autre, par exemple. C'est une idée, comme ça (#jenesuispasunpsychopathe #etjenesuispasscénaristenonplus)
Pire, le réalisateur nous donne l'impression, à la fin du film, de s'être arrêté en chemin. Là encore, impossible d'en dire plus, mais ceux qui auront vu Enemy comprendront. Il met 1h20 pour monter avec brio un château de cartes, qui s'effondre en 10 minutes à peine, à tel point qu'on en oublie combien le château nous plaisait juste avant. Frustration On est loin de la claque procurée par Prisoners l'an dernier.
AUTOUR DU FILM... Si la ressemblance et la gémellité sont des thèmes qui vous intéressent, je vous invite à découvrir le travail du photographe québécois François Brunelle. Son projet Je ne suis pas un sosie! regroupe des portraits en noir et blanc de sosies, réalisés avec des duos de modèles du monde entier, qui ne sont pas de la même famille. Un travail exposé en Colombie, en ce moment : comme c'est un peu loin, je vous ai mis un lien Internet!
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