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21 Aug

Boyhood ✔✔✔

Publié par Romain Duchez  - Catégories :  #Critiques 2014

Drame de Richard Linklater (USA)

Le procédé est unique dans l'histoire du cinéma. Et rien que pour cela, ce film mérite d'être vu. Le réalisateur Richard Linklater a filmé pendant 12 ans les mêmes comédiens afin de raconter l'histoire d'une famille américaine ordinaire. Ce qui permet de voir vieillir les personnages, sans faire appel au maquillage ou aux effets spéciaux. On comprend d'ailleurs pourquoi le réalisateur n'a pas fait appel à Cher : elle aurait rajeuni d'année en année contrairement aux autres acteurs!

L'histoire est simple, presque banale. Comme la vie. Des parents qui se séparent, des enfants qui se chamaillent. Les repas, les cours, les déménagements, les fêtes de famille. Des enfantillages, en passant par les délires d'ado, jusqu'au premier rapport sexuel, Boyhood décrit le passage complexe entre la jeunesse et l'âge adulte. Tout en restant universel ; chaque spectateur peut entendre des échos à sa propre existence.

Par définition, le temps qui passe est impossible à saisir. Il passe, inexorablement. Un beau jour, on se réveille en se disant : "merde, tout est passé si vite". Sans avoir eu l'opportunité d'appuyer sur 'pause'. Grâce à ce parti pris de suivre les mêmes acteurs sur une décennie, le metteur en scène nous permet d'être enfin observateur de ce temps qui passe. Boyhood capte la vie, tout simplement.

© 2014 BOYHOOD INC.IFC PRODUCTIONS I, L.L.C. ALL RIGHTS RESERVED

© 2014 BOYHOOD INC.IFC PRODUCTIONS I, L.L.C. ALL RIGHTS RESERVED

De la sensibilité mais pas de sensiblerie. Richard Linklater, également auteur, aurait pu imaginer un scénario rocambolesque avec des morts, des meurtres et des situations improbables, tel un épisode de Plus belle la vie. Mais il a préféré opter pour la simplicité. Le film n'en est que plus fort.

La mise en scène est d'une fluidité assez bluffante. D'abord, parce que la photographie reste homogène alors que les scènes ont été tournées à plusieurs mois ou années d'écart. Bravo au chef opérateur, aux éclairagistes et aux étalonneurs! Ensuite, parce que l'image est rythmée. Tout comme le temps, la caméra avance, au rythme des personnages souvent engagés sur des routes, à pied, à vélo, en voiture.

Alors, certains diront que 2h45, c'est un peu trop. Je ne trouve pas. 165 minutes pour résumer 12 ans, c'est rien! Et puis, vous en connaissez, vous, des vies sans longueur, où l'on ne s'ennuie jamais?

Boyhood est le film de famille parfait. Richard Linklater est quand même bien plus doué que l'oncle Jean-Jacques qui filme tous les anniversaires avec son vieux caméscope Toshiba, en faisant des zooms (flous en plus!) interminables.

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