Tom à la ferme ✔✔✔
Thriller psychologique de Xavier Dolan (Canada)
Tom a deux problèmes. Premièrement, sa coupe de cheveux. La décoloration, le volume et l'effet mouillé (3 en 1!), sanévapadoutou mon chérrrrrrri. Cristina Cordula est au bord de l'apoplexie. Deuxièmement, le jeune homme est coincé tout le week-end à la campagne, et une campagne pas franchement accueillante! Aucune pâquerette en fleurs mais des champs de maïs aiguisés comme des couteaux ; pas le moindre rayon de soleil irradiant des vaches en train de paître mais de la pluie tombant sur le cadavre d'un veau. L'office de tourisme du Québec va avoir du mal à faire oublier ça.
Tom à la ferme est un film d'ambiance. Un thriller à l'univers sombre et oppressant. J'ai lu quelque part une critique comparant le jeune metteur en scène Xavier Dolan à Alfred Hitchcock... Il ne faut pas abuser et toute proportion garder, mais il est vrai que ce long-métrage est très bien ficelé. Le suspense est savamment distillé tout au long de l'histoire. Les personnages sont tous inquiétants, prisonniers d'un huis-clos implacable.
La campagne est filmée comme une sorte de prison, d'où l'on ne peut ressortir indemne. Au sens propre comme au sens figuré. Si Tom, jeune homosexuel urbain, débarque dans cette exploitation agricole, c'est pour assister aux funérailles de son "chum" selon l'expression locale. Problème : il est contraint de se présenter comme un simple ami, et non comme le petit ami, afin de sauver les apparences. L'enfermement est physique (Tom est retenu prisonnier dans cette ferme) et moral (impossible de libérer la vérité). L'homosexualité non assumée est un prétexte pour évoquer le poids du secret, plombant et dévastateur, parfois plus pesant qu'un décès dans une famille.
Petit génie du cinéma, à seulement 25 ans, Xavier Dolan a tout fait sur ce film (et avec style) : réalisateur, acteur, scénariste, dialoguiste, monteur, producteur, costumier... L'histoire ne dit pas s'il faisait aussi le ménage sur le plateau et s'il apportait les vêtements au pressing! Avec Les amours imaginaires (2010), j'étais resté sur une impression mitigée. Le jeune cinéaste paraissait talentueux mais prétentieux. Aujourd'hui dans Tom à la ferme, on le devine plus mature.
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