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30 Jan

Philomena ✔✔✔

Publié par Romain Duchez  - Catégories :  #Critiques 2014

Drame de Stephen Frears (GB)

J'ai très envie de vous dire que ce film est "philoménal", mais vous allez vous moquer de mes jeux de mots laids et chercher à me comparer à Bruno Masure. Alors je m'abstiendrai ; je me contenterai de paraphraser Stromae en qualifiant ce long-métrage de "formidable". Dans l'émotion comme dans le rire, dans le suspense comme dans le mélo.

Le pitch de départ donne dans le pathos. Philomena se retrouve enceinte après un coup d'un soir à la fête foraine. Ce sont des choses qui arrivent, sauf qu'on est dans l'Irlande puritaine des années 50 : pas d'avortement envisageable. La jeune fille mère est envoyée au couvent et, pour la punir de cette hérésie, les bonnes sœurs vendent l'enfant à un couple d'Américains. Pour la foi? Non. Pour le fric, et la morale soit-disant. 50 ans plus tard, Philomena tente de retrouver son fils avec l'aide d'un journaliste en quête de sens.

© Alex Bailey

© Alex Bailey

Le film est construit comme une enquête. Rien à voir avec les Experts, attention. On est plutôt dans l'ambiance "Miss Marple sirote sa Guiness". A mesure que les personnages avancent dans leurs recherches, des tiroirs s'ouvrent, des portes se referment. Le réalisateur parvient à nous captiver, en faisant évoluer son intrigue là où l'on ne s'y attend pas. Difficile d'en dire plus. Je ne veux pas spoiler ce film si passionnant. Il vous faudra aller au cinéma ou attendre la VOD.

Stephen Frears nous parle de transmission, de filiation... et de religion, beaucoup. Sa caméra zoome sur les ravages du fanatisme catholique. Les bonnes sœurs n'ont de "bonnes" que le nom. C'était l'Irlande d'autrefois. La force de ce film est de ne pas tomber dans la critique facile et caricaturale. Frears ne remet pas en cause toute la religion, mais plutôt ses excès. D'ailleurs, malgré tout ce qui lui arrive, Philomena reste profondément attachée aux valeurs du catholicisme. Elle continue de prier dans les églises. Se confesse. Pardonne. Alors que son compère journaliste, incarnation du pragmatisme et du cynisme, s'indigne.

Judi Dench était l'actrice idéale. Comme l'héroïne, elle porte en elle à la fois la tragédie shakespearienne et l'humour british. Capable dans une première scène de nous émouvoir aux larmes en pensant à son fils disparu ; puis, la scène suivante, de nous faire rire aux larmes avec des bonnes vannes sur les gays. Un phénomène cette Philomena.

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