Venus Noire
Vous pensiez avoir une vie de merde ? C'est sûrement que vous ne connaissez pas Saartjie Baartman. Non contente d'avoir un nom imprononçable, cette jeune femme a une expérience du showbiz très particulière : esclave, bête de foire, cobaye et prostituée. Ça fait beaucoup pour la même personne, vous l'admettrez. Quand on lui donne à déguster du raisin, le grain est servi sur un gode. Quand un homme veut la voir nue, c'est pour mesurer sa vulve avec un double décimètre. Si Saartjie avait un compte Twitter, elle pourrait multiplier les statuts "VDM"... Très cynique, mon début de critique, je le reconnais. Mais après avoir vu Venus Noire, on a besoin de décompresser ; quitte à faire un peu d'humour... noir. La vie de cette esclave sud-africaine est filmée comme une lente agonie, sans une seule bouffée d'air pour respirer. Abdellatif Kechiche refuse les digressions et le pathos, il poursuit un seul objectif : montrer l'inhumanité des humains. Et tant pis si le spectateur doit être mal à l'aise. Dans une mise en scène chirurgicale, où chaque séquence est comme une longue et délicate opération, le réalisateur décortique le racisme scientifique du XIXème. Comme quoi, le savoir est capable d'engendrer l'ignorance. Un film utile donc, quoiqu'un peu long (2h45). Maintenant vous m'excusez, je vais aller regarder le sketch de Muriel Robin "Le noir" pour rigoler un peu...
EN BREF : un film fort mais difficile (dépressifs s'abstenir...)
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