Somewhere
Les personnages de Sofia Coppola s'ennuient. Ses spectateurs aussi. Un peu, beaucoup, à la folie, tout dépend de leur degré de résistance aux plans séquences et aux silences. Somewhere est une nouvelle variation sur le même thème du vide existenciel. Pas de soeurs suicidaires ni de reine adepte des macarons, cette fois le héros est un acteur star. Il a beau vivre dans des palaces et être adulé par des Italiennes plastifiées, il ne trouve aucun sens à sa vie. Le pauvre, on le comprend. S'endormir en plein ébat avec une call-girl, se faire maquiller pendant des heures, répondre aux questions tordues des journalistes... c'est vraiment difficile (Delarue a-t-il pensé à traiter ces fléaux dans une émission ?). Ceux qui dorment dans la rue ne peuvent pas comprendre les ravages du luxe à outrance, ils sont trop occupés à chercher à manger, ces nazes. Sofia Coppola nous raconte les problèmes des riches, mais pouvait-elle faire autrement ? Elle, la fille de Francis Ford. Elle qui, petite, passait son temps avec Andy Warhol ? Le plus gênant quelque part dans Somewhere (quelque part... somewhere... Bruno Masure n'est pas loin), c'est que la réalisatrice est passée à côté de son sujet. La magie du film réside dans les instants de complicité entre le héros et sa fille (la jeune Elle Fanning, excellente). La séquence de la piscine a quelque chose de magique, comme si les deux personnages étaient en parfaite symbiose. On aurait aimé que soit développée cette relation si particulière, entre un père absent et une ado esseulée. Sofia Coppola aurait bien des choses à dire là-dessus. Bref, il serait temps que la réalisatrice surdouée trouve d'autres sujets à traiter, car elle tourne bien, mais en rond. A l'image de la Ferrari lors de la scène d'ouverture, une séquence tellement longue et répétitive que vous pouvez rater les premières minutes sans problème...
EN BREF : Lost in translation 3
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