Skyfall
Film d'espionnage de Sam Mendes (USA/GB)
Ce film est une expo d'art contemporain grand public. Que l'on a envie de voir et de revoir pour profiter de chaque détail. Le mariage réussi entre le populaire et l'élitiste. Esthétiquement d'abord, c'est l'épisode bondien le plus abouti. Du premier plan fixe (jeu subtil sur l'ombre et la netteté) à la séquence finale lunaire en Ecosse, en passant par la vision moderne de Shangaï by night, l'image est d'une beauté absolue. Rien que pour vos yeux. James Bond devient lui-même une œuvre d'art. Le personnage, sous les traits de Daniel Craig, est une véritable statue grecque (statue de commandeur of course) sur laquelle le temps et les balles ne semblent pas avoir de prise. Cet espion a beau être un machiste un peu ringard (les femmes ne sont là que pour l'aider, baiser ou décéder), la caméra de Sam Mendes fait apparaître chez ce héros la complexité de l'homme moderne. On voit poindre des failles et des doutes, avec des références à l'histoire personnelle de James.
Autres beautés artistiques à la plastique irréprochable : les Bond girls (Naomie Harris et Bérénice Marlohe). Même si, dans Skyfall, la femme la plus importante n'est pas une bombasse faisant joujou avec le détonateur intime de Bond. C'est M (dame Judi Dench, respect) que l'espion qui aimait tente de protéger. Et puis, le méchant Silva (l'exceptionnel Javier Bardem) lui aussi est une oeuvre d'art à sa façon. L'un des plus effrayants psychopathes que Bond ait dû affronter, avec une coupe de cheveux aussi déstructurée que sa pensée (son coiffeur est sans doute un terroriste dangereux). Finalement, Sam Mendes compose un film d'espionnage très graphique, avec un suspens qui va crescendo. On reste en haleine jusqu'à cette fin qui fera date dans l'histoire bondienne. Le réalisateur respecte les traditions et les codes de la saga, tout en se permettant de rebattre les cartes du jeu. Même si tuer n'est pas jouer...
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