Même la pluie

Pas le temps de digérer la bûche, ni de fignoler le top 10 2010, que déjà on démarre l'année ciné avec du lourd. Le film que l'Espagne va présenter aux Oscars ; un drame écrit par le scénariste attitré de Ken Loach ; Gael Garcia Bernal en vedette. Même la pluie (rien à voir avec Laurent Romejko) raconte l'histoire d'une équipe de cinéma espagnole qui vient tourner un film sur Christophe Colomb dans la montagne bolivienne. Et les emmerdes tombent averse. Les figurants ont bien mieux à faire que jouer les indiens quechua colonisés, ils manifestent dans les rues pour dénoncer la privatisation de l'eau en Bolivie, référence à des mouvements sociaux ayant existé (on retrouve la Ken Loach's touch). La force du film réside dans un parallèle audacieux. Iciar Bollain, le réalisateur, compare la colonisation espagnole du XVème siècle à la privatisation des services publics. Veolia et Suez apprécieront. L'eau n'est pas une évidence pour tout le monde, il est bon de le rappeler. Certains prédisent qu'elle sera source de guerres dans les années à venir ; en Bolivie, en tout cas, elle engendre des luttes. "On survit, c'est ce qu'on sait faire de mieux" conclut l'un des personnages. Dans ce film, le cinéma aussi en prend pour son grade, il est renvoyé à ses errances mercantiles. On pense à tous ces réalisateurs occidentaux gauchisants qui se précipitent dans les pays en développement pour trouver des figurants low-cost, histoire de rentrer dans leurs frais. Cinéaste, un métier de gestionna en fin de compte(s). Par son propos, fort et émouvant, Même la pluie nous atteint, nous transperce, nous inonde.

EN BREF : un drame couleur menthe à l'eau