Les bien-aimés

Gros plan sur des chaussures rouges, à talons. "These boots are made for walking" en musique d'accompagnement. L'ouverture des Bien-aimés est une ode à tous les fétichistes du pied ! Mais loin de s'y prendre comme un pied, justement, Christophe Honoré nous offre une belle variation sur son t'aime fétiche, l'amour. Les personnages ont beau avoir des moeurs légères (infidélité, sexe à plusieurs, prostitution... on se croirait chez Delarue !), ils sont tous à la recherche de l'Amour. Le grand, le vrai, l'unique. En vain, malheureusement. La mère (Catherine Deneuve) ne cesse de retomber dans les bras de son premier mari tandis que la fille (Chiara Mastroianni) tombe amoureuse d'un homosexuel séropositif. A croire qu'il est impossible d'être heureux en amour, quelle que soit l'époque ou la sexualité. Cette comédie musicale nous ferait presque déchanter. Malgré tout, Christophe Honoré séduit par la finesse de son propos. Il sait si bien parler d'amour. Pour les parties chantées, il aurait pu choisir Hélène Ségara... eh bien non, il a rappelé le poète bobo Alex Beaupain, quatre ans après Les chansons d'amour. Couplets et refrains sonnent juste, "je peux vivre sans toi, mais je ne peux pas vivre sans t'aimer", c'est quand même plus subtile que "y'a trop de gens qui t'aiment", non ?! Aux côtés des toujours classieux Chiara Mastroianni et Louis Garrel, Catherine Deneuve irradie dans l'auto-dérision. Honoré se permet même quelques références à Jacques Demy et à Luis Bunuel qui, eux aussi, en leur temps, ont su magnifier la grande Catherine. Ces Bien-aimés sont peut-être mal-aimés, mais tellement bien nommés.

EN BREF : un excellent film sur la difficulté d'aimer