L'air de rien
Ça ne le gêne pas de marcher dans la boue. Ça ne le gêne pas non plus de dîner avec un huissier de justice. Michel Delpech (qui dans ce film n'habite pas le Loir-et-Cher mais le Puy-de-Dôme) joue le rôle d'un chanteur ringard, multipliant les dettes beaucoup plus que les fans. Formidable de recul et de second degré. Peu d'artistes auraient accepté de faire n'importe quoi, pour un flirt avec leur image. Passé ce côté people (parce qu'il faut bien que les producteurs vendent le film), on se rend compte que le héros n'est pas le vieux chanteur, mais le jeune huissier. Un fonctionnaire d'état qui aimerait tellement suivre les oies sauvages vers le midi. Il met un point d'honneur à remettre sur scène Michel Delpech, moins pour l'aider à rembourser ses dettes que pour raviver un souvenir d'enfance. Quand Michel était chanteur.
L'air de rien ne prend pas de grands airs et, avec son air de ne pas y toucher, apparaît comme un petit film sans prétention, d'une simplicité qui nous rappelle ces soirées chez Laurette, quand on faisait la fête, c'était chouette. Les deux jeunes réalisateurs ne tombent pas dans le piège de l'idôlatrie du chanteur à succès. Ils suivent le fil de leur histoire, caméra à l'épaule, dans l'esprit d'un documentaire au pays des 'has been'. Les moments comiques (comme ce concert raté dans un champ avec des spectateurs à moto trop bruyants) alternent avec les moments d'émotion (quand Michel Delpech explique que la célébrité se mesure au nombre de gens qui vous regardent aller aux toilettes). Dans cette histoire, "j'entends quand même des choses que j'aime, et ça distraie ma vie".
EN BREF : que ce film (et Marianne!) étaient jolis...
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