Des hommes et des dieux
.......................................................................... (!?!!) Commencer cette critique par un silence, cela semble presque évident, tant Des hommes et des dieux invite à la réflexion intérieure. Il y a l'histoire officielle (7 moines sauvagement assassinés en Algérie en 1996) et il y a la vision de Xavier Beauvois sur cet événement tragique. Le réalisateur ne s'intéresse pas au fait divers, mais préfère s'attarder sur les motivations de ses personnages. Pourquoi se retirer en Afrique ? Pourquoi aider son prochain, qu'il soit terrorriste ou orphelin ? Pourquoi mettre sa vie en danger en espérant sauver celle des autres ? Ces moines, aussi vertueux soient-ils, sont avant tout des mortels. Ils doutent, ils pleurent, ils débattent. Lors des discussions collectives, la caméra rend palpables les changements d'avis et les hésitations. En témoigne ce banquet, moment fort du film, sans parole, au son du Lac des Cygnes. L'autre force de Xavier Beauvois est qu'il ne prend jamais parti. Il n'y a pas des gentils moines face à des méchants musulmans. On comprend surtout que la religion est un phénomène complexe, capable d'aboutir au plus grand humanisme comme à la plus grande barbarie. La mise en scène, elle, n'a rien de barbare. Le travail sonore est particulièrement abouti. Tous les bruits sont exploités : les pages de la Bible qui se tournent, les soutanes qui remuent, les prières qui se murmurent. La plus belle scène du film est ce combat de décibels où les moines chantant font fuir un hélicoptère de l'Armée assourdissant. Avec Des hommes et des dieux, Xavier Beauvois prouve qu'il n'est ni un homme ni un dieu, mais juste un excellent cinéaste.
EN BREF : un drame qui laisse muet
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