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13 Sep

Des hommes et des dieux

Publié par Romain Duchez  - Catégories :  #Critiques Archives

.......................................................................... (!?!!) Commencer cette critique par un silence, cela semble presque évident, tant Des hommes et des dieux invite à la réflexion intérieure. Il y a l'histoire officielle (7 moines sauvagement assassinés en Algérie en 1996) et il y a la vision de Xavier Beauvois sur cet événement tragique. Le réalisateur ne s'intéresse pas au fait divers, mais préfère s'attarder sur les motivations de ses personnages. Pourquoi se retirer en Afrique ? Pourquoi aider son prochain, qu'il soit terrorriste ou orphelin ? Pourquoi mettre sa vie en danger en espérant sauver celle des autres ? Ces moines, aussi vertueux soient-ils, sont avant tout des mortels. Ils doutent, ils pleurent, ils débattent. Lors des discussions collectives, la caméra rend palpables les changements d'avis et les hésitations. En témoigne ce banquet, moment fort du film, sans parole, au son du Lac des Cygnes. L'autre force de Xavier Beauvois est qu'il ne prend jamais parti. Il n'y a pas des gentils moines face à des méchants musulmans. On comprend surtout que la religion est un phénomène complexe, capable d'aboutir au plus grand humanisme comme à la plus grande barbarie. La mise en scène, elle, n'a rien de barbare. Le travail sonore est particulièrement abouti. Tous les bruits sont exploités : les pages de la Bible qui se tournent, les soutanes qui remuent, les prières qui se murmurent. La plus belle scène du film est ce combat de décibels où les moines chantant font fuir un hélicoptère de l'Armée assourdissant. Avec Des hommes et des dieux, Xavier Beauvois prouve qu'il n'est ni un homme ni un dieu, mais juste un excellent cinéaste.

EN BREF : un drame qui laisse muet

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E
<br /> Un film que je ne pourrais malheureusement pas voir en salle mais je compte bien me rattraper. Comment commenter cet article donc tout en restant légitime?<br /> La seule chose que je pourrais dire car j'en ai un peu fait l'expérience est que plus notre culture cinématographique est importante, plus l'on devient exigeant et plus il est difficile d'être<br /> surpris. On est alors la plupart du temps blasé car déçu de ne plus ressentir ces première fois... la première fois où un film vous à fait pleurer, frissonner, rire. La première expériences 3D....<br /> Une fois ces premières fois passées, elles s'en vont, nous laissant un goût d'amertume et de regrets. Heureux ceux qui ont su garder cette virginité du premiers instant sans jamais se lasser et<br /> toujours en se laissant surprendre. Pensons donc à ceux qui n'ont pas notre culture cinématographique, le cinéma est fait aussi (surtout) pour eux.<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Dommage que tu ne puisses pas voir ce film en salle, cher Emmanuel. J'ai hâte de connaître ton avis sur ce long-métrage ! Difficile en effet d'être surpris ou emballé à force de voir des films.<br /> Voilà pourquoi j'essaie rarement de faire des comparaisons ;) J'ai la naïveté de croire que tout n'a pas encore été fait au cinéma !<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> Tu t'attardes sur le scénario du film qui est très malin,je dirai même trop malin (Hélas le "Malin" est absent de ce pensum édifiant)Et Beauvois est un bon pharmacien:une dose de prières,une dose<br /> d'extérieurs,une dose de "bons" terroristes"une dose de l'armée algérienne + une dose de débats entre moines.On mélange tout ça et on a un film qui doit EMOUVOIR et obtenir un gros succès plus un<br /> prix.Objectif atteint!Tu oublies l'académisme somnolent de la mise en scène,les trucs pour faire pleurer (Ah!cette cène au son du lac des cygnes avec ces visages de moines à la "Frères,il faut<br /> mourir") et aussi les congratulations entre les deux survivants qui pourraient au moins faire une prière pour leurs amis.<br /> Le 1er grand prix de Cannes allait à "La Symphonie Pastorale" de Jean Delannoy,navet invisible.Beauvois nous refait le coup...Et ça marche!<br /> Il y a heureusement des réfractaires (Pierre Murat) et ceux à qui on ne la fait pas!<br /> Amitiés<br /> Roger<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Eh bien dis-moi... autant de critiques sur Des hommes et des dieux... qu'est-ce que tu dirais des Bronzés 3 ??? Académisme somnolent de la mise en scène ? Je ne suis pas<br /> d'accord, Beauvois met sa réalisation au service du sujet : pas de bruit ni de mouvement superflus, aucun jugement sur ses personnages, un travail recherché sur la symbolique. Que demande-t-on à<br /> un réalisateur, si ce n'est de peufiner son boulot ??? Toi qui fustiges sans cesse les cinéastes brouillons, qui ne jurent que par la caméra à l'épaule. Je comprends que tu aies vu plein de<br /> choses au cinéma, mais il faut parfois éviter de comparer et accepter de se laisser transporter !! J'ai surtout l'impression que tu as besoin de descendre en flèche les films qui font l'unanimité<br /> et qui remportent des prix (cf Un prophète, pas plus tard que l'an dernier). Une sorte d'opposition de principe... L'avantage, au moins, c'est qu'avec toi il y a matière<br /> à débattre, et ça j'adore. Merci mon Roger !<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Tu parles surtout du scénario malin,même trop malin du film de Beauvois,qui a dû faire des études de pharmacien:une dose de prières,une dose d'extérieurs,une dose de "bons" terroristes,une dose<br /> d'armée algérienne+ une bonne dose de débats qui louchent vers S.Lumet.Le comble étant atteint avec la séquence de la "Cène" avec la musique de Tchaïkovsky,où les visages des acteurs larmoient à<br /> qui mieux mieux pour fabriquer de l'émotion.J'avoue avoir été écoeuré par cette avalanche de bons sentiments assez banalement mises en scène par Beauvois.<br /> Pour mémoire,Cannes avait décerné son grand prix,en 1946,à "La Symphonie Pastorale" de Delannoy,le bien nommé.Beauvois nous refait le coup en 2010.Bravo,ça marche,mais pas pour moi et ceux à qui on<br /> ne la fait pas!<br /> <br /> <br />
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