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14 Feb

Avoir le sentiment de 'passer à côté' d'un film : le cas "Pentagon Papers"

Publié par Romain Duchez  - Catégories :  #Critiques 2018, #Humeurs

Avoir le sentiment de 'passer à côté' d'un film : le cas "Pentagon Papers"

Et vous, cela vous est déjà arrivé de « passer à côté d'un film » ? Les critiques sont dithyrambiques, les blogueurs cinéma que vous suivez sont épatés, les spectateurs affluent dans les salles, les nominations aux Oscars se multiplient... et vous, rien. Encéphalogramme plat. Tout ce que le film vous inspire c'est un « ouais, mais bof ». Avis tout aussi constructif qu'un commentaire de Jean-Michel Maire sur Les Tuche 3. Moi, cela m'est arrivé récemment. Avec le nouveau film de Steven Spielberg : Pentagon Papers

J'ai vu ce long-métrage un vendredi soir. Pas le meilleur créneau je le conçois, surtout après une semaine bien remplie au travail. Mais qu'importe l'état de fatigue. Vous m'auriez diffusé Psychose d'Hitchcock après une nuit blanche, j'aurais quand même adoré. Là, j'ai piqué du nez dès le premier quart d'heure. Le film s'ouvre sur la guerre du Vietnam, moi j'ai mené une guerre contre Morphée. Si seulement j'avais pu avoir quelques cure-dents pour bloquer mes paupières...

La séquence d'ouverture apporte du dynamisme. Mais l'effet retombe comme un soufflet. On se retrouve rapidement dans les salons dorés du microcosme politico-médiatique américain. Ce film est une succession de discussions (bavardages ?) entre initiés. On parle, on argumente, on hésite, on choisit, on refuse, on défend... Que des choses bien louables, surtout que le film défend des causes nobles : la liberté de la presse, le féminisme, la transparence. Malheureusement, pas suffisant selon moi pour tenir la distance d'1h57. En plus, comme le film est basé sur un fait réel, on sait d'avance comment il va se terminer. Le dénouement n'apporte pas de surprise, si ce n'est une petite pirouette finale. Au moins, avec Titanic, on savait que le bateau allait couler mais James Cameron avait prévu une fin à rebondissement pour ne pas laisser sombrer ses spectateurs !

Très objectivement, je suis capable de reconnaître les qualités de Pentagon Papers. La réalisation est soignée (il ne peut en être autrement avec Spielberg), le duo Meryl Streep - Tom Hanks est formidable, le thème est puissant dans cette période où le média-bashing est un sport professionnel. Mais - car il y a un mais - très subjectivement, ce film m'a ennuyé. Je sais que je vais faire hurler les adorateurs du film et du réalisateur, mais je ne vais pas hurler avec les loups et donner 5 étoiles à ce long-métrage juste pour me fondre dans la masse.

Avoir le sentiment de 'passer à côté' d'un film : le cas "Pentagon Papers"

Je suis donc bien « passé à côté » de ce film qui pourrait récolter plusieurs Oscars très prochainement. Je n'y ai pas vu le chef d'œuvre annoncé par beaucoup. Et j'avoue avoir ressenti une sorte de culpabilité. Comment se fait-il que je n'ai pas aimé un film qui a réussi à mettre d'accord Closer et Les Cahiers du Cinéma ? Quelques morceaux lus sur différents sites spécialisées : « une leçon de mise en scène engagée, captivante et stimulante... ce thriller politique est passionnant... un film essentiel... » Que se passe-t-il ? J'ai vraiment des goûts de m**** ?! Suis-je condamné à chroniquer toute la filmographie de Elie Semoun comme punition ? Je commence à compatir avec toutes celles et ceux qui ont détesté Le ParrainForest Gump ou Pulp Fiction. Ils se sont retrouvés en marge d'un torrent de critiques filant toutes dans le même sens.

Puis la culpabilité se transforme peu à peu en fierté. C'est la force de l'art en général et du cinéma en particulier, on a le droit d'aimer ou de ne pas aimer une œuvre. Si nous devions tous être obligés d'adorer un film parce que les critiques sont dithyrambiques, nous serions dans une dictature totalitaire. Oui j'assume, je n'ai pas aimé Pentagon Papers. Cela ne fait pas de moi un héros, juste un passionné de cinéma qui se laisse guider par ses émotions et qui n'hésite pas à les partager. La raison devrait m'inciter à donner un maximum d'étoiles à ce film. Mais mon cœur n'est pas d'accord. Pire, ce film m'a laissé indifférent. Au moins, si j'avais détesté, une émotion aurait été provoquée. Ce qui n'enlève rien à l'immense respect que je voue à Monsieur Spielberg. Tous les gens que l'on aime nous déçoive parfois un jour, non ? En ce qui concerne Pentagon Papers, je ne vous incite pas à le voir parce que je le recommande, je vous incite à le voir pour vous faire votre propre opinion. Aimer ou ne pas aimer.

Avoir le sentiment de 'passer à côté' d'un film : le cas "Pentagon Papers"

Crédit photos : © Universal Pictures International France via Allo Ciné

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