Dernier train pour Busan ✔✔✔

SCIENCE-FICTION / De Sang-ho Yeon (Corée-du-Sud).

LE PITCH / Le train 6745, à destination de Busan, partira voie B. Attention à la fermeture des portes et aux zombies qui pourraient surgir des toilettes. En cas de problème avec un mort-vivant, merci de vous munir du formulaire B612 à l'arrivée pour faire une réclamation. Si bien sûr vous êtes encore en vie. Nous vous souhaitons un agréable voyage avec la SNCF, la Sanglante Nécrophile Compagnie Ferroviaire !

Moi, aller voir un film de zombies ? Non merci. J'adore le rouge, un peu moins le rouge sang. Et puis franchement, voir des mecs maquillés au ketchup hurler pendant deux heures, ce n'est pas mon truc. Fort heureusement, j'ai cette fois rangé mes a-priori dans le compartiment à bagages pour aller voir cet OVNI cinématographique tout droit venu du Pays du matin calme. Enfin là, en l'occurrence, le matin était plutôt agité. Je ne mettais pas non plus les pieds n'importe où. Dernier train pour Busan avait été présenté en séance de minuit à Cannes et ovationné par les festivaliers.

Résumer cette œuvre à un simple film de zombies est beaucoup trop réducteur. C'est une science-fiction majuscule... une SF, quoi. A travers une situation irréaliste, on nous décrie les travers bien réels de notre société. Voir les passagers du train, c'est comme faire une étude sociologique de l'être humain. Face au danger, il y a ceux qui résistent et ceux qui s'enfuient, ceux qui pensent aux autres et ceux qui pensent à leur nombril, ceux qui s'entraident et ceux s'enferment à double tour. Toute ressemblance avec des actualités récentes n'est sans doute pas fortuite.

Crédit photos : © Kim Soo-Ahn

Autre lecture de ce film : c'est une critique à peine déguisée de la banque et de la finance. Face à l'individualisme des capitalistes s'oppose la solidarité des stigmatisés. Une femme enceinte, une vieillarde et un SDF s'entraident là où les rois de la finance sont prêts aux pires horreurs pour survivre. Sans pour autant tomber dans la caricature binaire : certains personnages restent très nuancés et affichent une réelle capacité d'évolution. Comme quoi tout s'est pas perdu !.

Dernier train pour Busan est une intrigue lancée à très grande vitesse. Dès la scène d'ouverture, le spectateur est emporté sur les rails du suspense. Impossible de s'échapper. Le film tourne au huis-clos terrifique. Le train atteindra-t-il sa destination ? Les héros vont-ils s'en sortir (morts-)vivants ? L'individualisme va-t-il triompher ? La petite héroïne va-t-elle retrouver sa maman et son papa ? Jusqu'à la dernière minute, toutes ces questions restent en suspens, prouvant une nouvelle fois la force du cinéma coréen.