Discount ✔✔✔

SOCIAL / Réal. : Louis-Julien Petit (Fr). Avec Olivier Barthélémy et Corinne Masiero.

LE PITCH / Un supermarché discount. Des salariés qui ont du mal à joindre les deux bouts. Des accents très prononcés, hein. Dans une grisaille ambiante assez déprimante. Bienvenue chez les ch'tis ! Encore une bien belle réclame pour la région Nord-Pas-de-Calais. Avec cette histoire d'employés en rébellion contre les caisses automatiques, on est loin des images d’Épinal véhiculées par Dany Boon ; d'ailleurs on n'est pas du tout à Épinal... (crédit photo : © Wilb Bunch Distribution via AlloCiné)

Solidaires. Le mot est lâché à plusieurs reprises durant le film. Le réalisateur défend l'union des salariés contre le géant capitaliste incarné ici par l'enseigne discount. Soyons clairs, le DVD de ce film a plus de chance de se retrouver sur l'étagère Ikea d'un militant Front de Gauche (calé entre une biographie du Che et un album de Manu Chao), que d'atterrir derrière une vitrine scintillante chez un cadre UMP. Même si l'histoire évite les facilités, et c'est ce que j'ai aimé. La méchante patronne a ses fêlures et ses états d'âme ; les gentils salariés tombent parfois dans l'individualisme primaire.

Ce que dénonce ce film, c'est un système global. Un système qui fait ressortir ce qu'il y a de mauvais dans l'être humain et qui met les personnes en concurrence entre elles. A travers l'exemple de la grande distribution. Un milieu que j'ai pu approcher lorsque j'étais jeune et que je n'ai pas supporté (#laminuteconfession). Cette histoire me parle. Quand on voit la pression infligée à des salariés qui ne touchent que le SMIC, on peut légitimement s'indigner, sans pour autant prendre sa carte au NPA. Ils sont sans cesse chronométrés, même quand ils vont aux toilettes (autant dire que c'est chiant quand on a la gastro). Discount est, en quelque sorte, une critique du Fordisme moderne.

>> Solidaire : le film Discount a été financé en partie grâce au crowdfunding <<

Et que dire des gaspillages alimentaires clairement dénoncés dans ce film ? Les grandes surfaces préfèrent jeter des tonnes de denrées plutôt que faire des colis pour ses salariés ou donner tout cela à des associations. Merde, je me relis et j'ai l'impression d'être un gros démago. Pourtant, c'est la réalité (même si les enseignes donnent beaucoup aux Restos du Cœur et à la Banque alimentaire). La scène où les salariés écrasent de la nourriture et l'aspergent de Javel est très puissante. Dégueulasse. Gerbante.

La mise en scène est loin d'être discount. D'habitude dans ce genre de film très social, on aime bien la caméra à l'épaule et l'image de mauvaise qualité pour faire "plus vrai". Ce n'est pas le parti pris ici. Le réalisateur Louis-Julien Petit travaille ses mouvements de caméras et ses plans. Il parvient à rendre jolies une allée de supermarché et une bretelle d'autoroute. Pas jusqu'à nous donner envie d'aller s'installer dans le Nord, faut pas pousser. Hein biloute ?